Le salaire minimum anglais va dépasser le Smic en 2022

En forte progression depuis cinq ans, le salaire minimum de nos voisins anglosaxons va faire un nouveau bond spectaculaire de 6,6% cette année. Son taux horaire brut va passer, en avril 2022, de 8,91 livres sterling (10,63 euros) à 9,50 livres (11,30 euros), révèle le quotidien Le Monde. Pour rappel, le montant horaire du Smic français est actuellement de 10,57 euros.

Moins de chômage qu’en France

Jusqu’à maintenant, ce rattrapage n’a pas eu d’impact négatif sur l’emploi, comme le craignent la majorité des économistes. Au-dessus d'un certain seuil, la majoration du salaire minimum aurait un double effet : une hausse des prix qui inciterait les consommateurs à réduire leurs achats et le remplacement d'une partie de la main d'œuvre par des machines.

Dans un contexte de crise sanitaire mondiale, le taux de chômage britannique reste encore bien plus bas (4,2%) qu’en France (8,1%). Plus de 400 000 emplois ont même été créés depuis le début de la crise sanitaire.

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La mise en place d’un cercle vertueux

Cette politique a été initiée suite à la grande crise financière de 2008, qui a durement éprouvé les foyers les plus modestes. Désireux de réduire le montant des impôts et des aides sociales, le gouvernement conservateur de David Cameron avait alors décidé de revaloriser le revenu minimum. Son objectif : relever le niveau du « Smic » britannique pour atteindre 60% du salaire médian (il oscillait autour de 50% avant les premières mesures). Un pari audacieux dans ce bastion du libéralisme.

Contre tout attente, l’opposition a été assez faible, malgré plusieurs hausses importantes au fil des ans. Résultat ? L’Etat a rempli son contrat en avril 2020… et a continué sur la même voie. Les salaires légèrement au-dessus du seuil ont aussi bénéficié de ce cercle vertueux : afin de maintenir l’écart, les employeurs les ont mécaniquement augmentés.

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Des inégalités qui persistent et des patrons inquiets

Pour autant, les répercussions ne sont pas toutes positives. Contrecoup de la hausse du salaire minimum : le montant des aides sociales a diminué au Royaume-Uni. Les contrats précaires sont nombreux (surtout chez les femmes) et beaucoup de familles n’arrivent pas à joindre les deux bouts tant le coût de la vie reste élevé.

Le marché de l’emploi britannique est aussi moins protecteur qu’en France. Les salariés peuvent perdre leur emploi très facilement et les contrats de travail sont souvent ultra flexibles.

Quelques voix s’élèvent également du côté des entreprises. Par crainte de perdre en compétitivité, certains employeurs prévoient d’augmenter leurs prix, de réduire leurs investissements ou de moins recruter à l’avenir.

Le consensus est néanmoins quasi-total en Grande-Bretagne, où ces mesures rencontrent finalement peu de résistances. Et pour cause : en 2020, 14% des salariés étaient classés dans la catégorie « à basse rémunération », contre 21% en 2015.

Salaire moyen en France : en net et en brut, par âge, sexe et CSP

La course au salaire minimum le plus haut est lancée

Porté par le succès de cette politique, Boris Johnson marche dans les pas de ses prédécesseurs avec un nouveau goal : atteindre 66% du salaire médian à l’horizon 2024. Le Royaume Uni n’est pas le seul pays dans la course : plusieurs nations européennes le talonnent et comptent bien ne pas se laisser distancer.

La France n’a certes pas à rougir du montant de son Smic, qui représente environ 65% du salaire médian depuis de nombreuses années. Néanmoins, son niveau stagne depuis des décennies… A contrario, l’Espagne (qui part de plus loin) s’est engagée à augmenter le sien de 60% d’ici fin 2023.

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