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Marché de l'emploi

"Le départ des seniors ne dope pas l'emploi des jeunes"

Par Guirec Gombert | Publié le 15/03/2013 - Mis à jour le 05/02/2015

Si le taux d'activité des seniors reste faible, leur taux d'emploi progresse depuis plusieurs années, selon une récente étude de l'Insee. Un changement qui s'explique par la "maturation" de la société, décrypte de son côté Jean-Paul Betbèze, économiste et co-auteur du rapport "Les seniors et l'emploi en France", publié en 2005.

Les stéréotypes concernant les seniors ont la vie dure. Trop chers, peu adaptables et résistants au changement, les freins à leur accès à l'emploi sont nombreux d'après une étude de l'association A compétence égale. Pour preuve, le taux d'activité des 55-59 ans est de 17 points inférieur à celui des 50-54 ans, selon une autre étude de l'Insee. Pourtant, les choses changent. Entre 2008 et 2011, le taux d'emploi des 55-59 ans a en effet progressé de 2,6 points par an en moyenne. Une hausse qui s'explique en partie par les réformes successives des retraites qui ont durci les conditions de départ à taux plein. "La réalité a également changé. Nos compatriotes comprennent que le chômage s'incruste dans la société et qu'il n'est désormais plus possible de partir en pré-retraite comme auparavant. En parallèle, les entreprises ont fait des efforts pour mieux former les salariés et les garder dans l'emploi. En 2005, lors de la parution d'un rapport dont je suis co-auteur, cela nous semblait impossible. On voit bien aujourd'hui que les choses ont évolué", analyse l'économiste Jean-Paul Betbèze.

Les femmes seniors plus souvent en emploi
Face au travail, les inégalités hommes-femmes perdurent. Mais là encore, les choses évoluent, en faveur, cette fois des femmes. Ainsi, depuis 1975, leur taux d'activité a progressé, passant de 43% à 46%. Une hausse qui s'explique par "la généralisation de l'activité féminine" ces dernières décennies, souligne l'Insee. Un point de vue confirmé par Jean-Paul Betbèze : "auparavant, les femmes subissaient plus les interruptions de leur parcours professionnel, aujourd'hui, elles ont plus d'opportunités de nouvelles carrières".

Chômage : les seniors rattrapés
La crise n'a pas épargné les seniors. Mais pas que. Là encore, les dispositifs visant à limiter les départs en pré-retraite ont joué sur leur taux d'emploi. Pour autant, le "taux de chômage est structurellement plus bas pour les personnes de 55 à 64 ans que pour les personnes plus jeunes, en partie à cause des dispositifs de retrait d'activité existant à ces âges, mais aussi du poids relativement important des indépendants dans cette tranche d'âge". "La situation économique actuelle a en effet conduit a multiplier le nombre d'auto-entrepreneurs. Ce qui conduit au final à prolonger le temps de travail, offre des compléments à ces entrepreneurs et participe au soutien de la croissance", analyse de son côté Jean-Paul Betbèze.

Pour autant, en 2001, 36% des 55-59 ans n'ont pas d'emploi alors qu'un sur six déclare vouloir travailler. Sans surprise, les catégories sociales les plus touchées sont d'anciens ouvriers ou employés. Quant à ceux qui retrouvent un emploi dans cette tranche d'âge, plus de la moitié exerce un emploi à temps partiel.

Entreprise et politique, quels rôles pour l'emploi des seniors ? 
Alors que le chômage se fait de plus en plus pesant dans la société, notamment pour les plus jeunes, la hausse de l'activité des seniors est-elle une bonne nouvelle pour ceux qui souhaitent démarrer leur carrière professionnelle ? "C'est une idée préconçue d'imaginer qu'il y a une quelconque équivalence en termes d'emploi entre ces deux populations, lance Jean-Paul Betbèze. C'est une erreur de conception : en prolongeant l'emploi des seniors on ne prive absolument pas les plus jeunes d'un travail ! Seule la croissance crée de l'emploi".

Et selon lui, pour la relancer, il faudra"que les employeurs, comme les salariés, soient convaincues d'un nouveau partage du travail. Une fois que les choses auront bougé dans l'entreprise, les politiques pourront s'emparer véritablement du sujet, mais ça ne se passera pas dans l'ordre inverse. Les entreprises devront encore améliorer la formation des salariés, lesquels n'auront d'autre choix que d'accepter, en contrepartie, une modération salariale afin d'éviter un chômage de masse et durable". Austérité quand tu nous tiens...

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