Entreprises recherchent candidats compétents, désespérément...

Les pénuries mondiales des compétences se multiplient : en Europe, elles se sont ainsi aggravées de 14% au cours des cinq dernières années. L’accroissement de la demande de main-d’œuvre qualifiée s’accélère, ainsi que la pression sur les salaires, ce qui entraîne des difficultés accrues pour les employeurs qui peinent à recruter les bons profils. Les entreprises persévèrent pour trouver et séduire les talents dont elles ont besoin, mais « beaucoup de chômeurs, notamment de longue durée, n'ont pas les qualifications dont l'économie a besoin », a déclaré Alistair Cox le PDG de Hays.

Les technologies, l'ingénierie et les sciences en pénurie de main-d’œuvre

« La bonne nouvelle en France, c'est que nous avons observé au cours de l'année écoulée un grand appétit des entreprises à recruter, sans égal depuis la crise » a ajouté M. Cox, mais selon lui, les pénuries de profils compétents et adéquats sont un problème de long terme, mondialisé, et qui touche surtout les secteurs des technologies, de l’ingénierie et des sciences.

Selon le PDG du cabinet de recrutement, le manque de flexibilité reste le principal problème des employeurs français en 2016, même si certaines réformes menées sous le quinquennat de François Hollande, « vont dans le sens d'un marché plus flexible », telles que le CICE ou la loi travail. Alistair Cox préconise également de réformer l'assurance chômage pour « motiver les gens à travailler », et de « réduire le coût du travail ».

Immigration qualifiée et programmes de formation plus intelligents

Pour endiguer la pénurie de main-d’œuvre compétente, Hays propose un ensemble de recommandations stratégiques adressées aux pouvoirs publics et aux entreprises. Premier levier : la prise en compte de l’immigration qualifiée. « Cette question prend chaque année plus d’ampleur » peut-on lire dans le rapport. « Face à cette problématique, nous devons clairement distinguer l’immigration qualifiée et l’immigration de masse, en recherchant de nouvelles façons de nous assurer que le marché attire les personnes les plus talentueuses et adéquates. Les gouvernements doivent identifier les postes qualifiés non pourvus par la main-d’oeuvre locale et ouvrir leur marché du travail pour attirer plus de candidats étrangers, quel que soit leur pays d’origine. »

Enseigner les compétences « d’employabilité »

La solution doit également être trouvée dans l’enseignement. « L'Éducation nationale doit comprendre les entreprises, quelles sont les industries du futur, et comment orienter en conséquence le système éducatif pour créer les compétences dont les entreprises ont besoin » explique Mr Cox. Ce n’est qu’à cette condition que des politiques efficaces de formation et de perfectionnement des compétences d’avenir pourront être mises en place. Cela ne concerne pas uniquement les nouvelles compétences numériques (telles que le codage, la programmation, l’informatique, l’analyse des données, etc.) même si elles sont essentielles. Cela concerne également les compétences plus générales qui participent à l’« employabilité », comme la résolution des problèmes, la communication et la négociation, souvent négligées dans le cursus scolaire mais très précieuses pour les entreprises. Par ailleurs, ces formations ne doivent pas uniquement s’adresser aux jeunes mais aussi aux cadres moyens et aux salariés seniors.

Les entreprises doivent également s’ouvrir au dialogue avec leurs employés et trouver des moyens de renforcer leur implication. Aucune entreprise ne peut être productive si son personnel ne l’est pas et celui-ci ne peut pas être productif s’il ne se sent pas impliqué. « Les entreprises doivent non seulement trouver les bons talents, mais aussi les garder ! » conclue le PDG de Hays.