Marché de l'emploi

Les 35 heures encore et toujours critiquées

Par Guirec Gombert • Publié le 13 septembre 2016 à 12:02

Créées par la gauche, ajustées par la droite, les 35 heures sont depuis 16 ans régulièrement sous le projecteur des médias. Créatrices d'emploi ou fardeau de l'économie française ? La semaine dernière, deux économistes dénonçaient à nouveau cette politique anti-chômage. Qui a tort, qui a raison ? A vous de juger !

En France, on aime les débats. S'ils tournent en rond, c'est encore mieux. Les 35 heures en sont la parfaite illustration. Le 25 janvier dernier, RegionsJob publiait l'article Pourquoi les 35 heures font-elles encore débat ? A l'époque, c'était Emmanuel Macron qui (re)lançait les hostilités. Huit mois plus tard, deux économistes s'acharnent sur les 35 heures et plus précisément sur leurs collègues qui défendent ce dispositif. André Zylberberg, Directeur de Recherche émérite au CNRS et Pierre Cahuc, Professeur à Polytechnique, s'en prennent aux "dérives des politiques antichômage". Dans le magazine Challenges, ils expliquent que ceux qui affirment qu'elles ont assuré la création de 350 000 emplois doivent vivre "un supplice : aucune étude scientifique ne va dans leur sens". On ne tranchera pas. Mais pour vous aider à mieux comprendre ces critiques, voici une sélection d'articles traitant du lien entre réduction du temps de travail et emploi.

Un nouveau rapport réhabilite les 35 heures

En juin dernier, l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) voulait garder secret un rapport concernant le régime des 35 heures. Ses conclusions plutôt positives allaient à l'encontre de ce qui est communément admis à ce sujet. Selon ses auteurs, le partage du temps de travail pourrait "créer, au moins à court terme, de l'emploi à condition de respecter des conditions strictes". Le rapport préconise même de limiter le temps de travail des cadres à 44 heures par semaine. D'autre part, il y aurait bien eu 350 000 créations de postes entre 1998 et 2002, grâce aux 35 heures.

Faut-il passer à la semaine de 32 heures ?

Le politique Pierre Larrouturou est pro-32 heures. Selon lui, réduire le temps de travail permettrait de créer 1,6 million d'emplois. En 2011 déjà, des économistes signaient une tribune dans le Monde estimant qu'une "réduction du temps de travail de 10% (à 32 heures) implique 10% d'embauches supplémentaires". En contre-partie, il faudrait abaisser les salaires sous peine de déformer "la structure de coût des entreprises au détriment de la profitabilité des entreprises", estime de son côté l'économiste Philippe Waechter.

La Suède teste la journée de 6 heures de travail

Travailler moins pour travailler mieux ? En Suède, la municipalité de Göteborg a décidé de faire passer une partie de son personnel 30 heures par semaine. Dans le privé, la firme Toyota applique déjà cette durée hebdomadaire depuis 13 ans et s’en frotte les mains…

Vrai-faux : C’est en France qu’on travaille le moins ?

Finalement pourquoi les 35 heures font-elles tant débat ? Alors que ce dispositif a connu de nombreux aménagements, toutes les études tendent à prouver que les Français travaillent largement plus. Pour Eurostat, les Français à temps plein travaillent en effet 40,7 heures par semaine. C'est un peu moins que la moyenne européenne (41,5 heures)...

Les Français champions du monde des vacances ? Oui, et c'est très bien !

Dans un article le très sérieux journal anglais The Guardian explique qu’en France les salariés bénéficient en moyenne de 30 jours de congés par an. Pour aussitôt souligner que ce sont aussi eux qui performent le plus au travail….

Les Français champions de la productivité, et alors ?

Deux économistes comparent le marché de l'emploi français et celui de nos voisins européens. "En France, les entreprises fonctionnent avec une faible quantité de salariés et le marché du travail exclut les personnes peu qualifiées". "Mécaniquement ceux qui travaillent assument une charge de travail importante, ce qui fait d'ailleurs des Français l’une des populations les plus stressées au monde», souligne Guillaume Duval. Un marché du travail radicalement différent de nos voisins qui ont choisi d’inclure le plus grand nombre, mais où les salaires "n’augmentent pas ou très peu".

Demain, la fin du travail ? En Finlande on l’anticipe déjà

Chômage de masse, robotisation, croissance en berne, réserve d'énergie limitée... De nombreux facteurs laissent à penser que l'emploi demain n'existera plus ou très peu. Quelle place donner à ceux qui n'intégreront pas le marché du travail ? Le revenu unique apparaît à certains comme la solution. En Finlande, le gouvernement va tester le revenu de base : un montant de 1 000 euros sera versé à chacun, libre à ceux qui le désirent de le compléter par des missions ponctuelles.

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