Le point sur les métiers industriels en Ile-de-France

Comment la crise a-t-elle impacté le secteur de l'ingénierie et de l'industrie ?

Dans l'ingénierie et l'industrie, nous avons ressenti la crise avant les autres secteurs. Dès septembre 2008, l'impact a été immédiat. Surtout dans le secteur automobile qui est très représenté en région parisienne avec les pôles Recherche & Développement des grands constructeurs automobiles français et tous les sous-traitants et équipementiers qui gravitent autour.

Depuis, on ne voit pas l'issue de la crise dans ce secteur. La prime à la casse a certainement aidé à déstocker mais cela n'a pas pour autant généré de demande de nouveaux recrutements. Pour l'heure actuelle, les postes de cadres à pourvoir dans le secteur automobile en Ile-de-France sont surtout liés au développement de produits lies à l'environnement comme les moteurs hybrides et les moteurs électriques.

Quels sont les secteurs qui s'en sortent mieux ?

Les secteurs liés à l'environnement et l'énergie ont de grands projets en cours même s'ils sont un peu retardés par manque d'investissements. Nous remarquons aussi sur ces métiers de plus en plus de postes à l'international avec une très grande mobilité qui est demandée aux candidats. Surtout dans les pays du Proche-Orient et d'Afrique, par exemple dans le traitement des eaux ou les énergies nouvelles.

Les laboratoires pharmaceutiques et les industries cosmétiques résistent également à la crise. Ces entreprises font parties de secteurs défensifs qui subissent de manière moins violente les effets de la crise, contrairement aux secteurs cycliques comme l'automobile ou les biens d'équipements.

Les postes dans l'environnement s'adressent à des profils très précis et rares ?

Oui parce que, dans les métiers de l'environnement et de l'énergie, nous constatons que les exigences de recrutement ont évoluées. En plus des compétences techniques, un ingénieur doit être encore plus sensibilisé à la gestion financière des projets afin de mieux contrôler les coûts.

Est-ce que ces métiers de l'environnement peuvent prendre le relais de l'industrie automobile en termes d'emploi ?

Le domaine de l'environnement est très vaste et concerne un grand panel de métiers allant de la qualité à la maintenance en passant les études et le process. L'efficacité énergétique est un objectif prioritaire et stratégique des entreprises et du gouvernement .De plus, de nouvelles normes obligent les sociétés à intervenir rapidement dans des délais courts. Mais cela représente encore peu d'emplois par rapport à l'industrie automobile dans la région parisienne.

Quels conseils peut-on donner aux cadres qui recherchent un emploi en ce moment ?

Il faut que les candidats soient mobiles et surtout multidisciplinaires. Un ingénieur généraliste s'en sortira mieux qu'un spécialiste. Aujourd'hui, on leur demande d'être plus polyvalents et de toucher à d'autres technicités. C'est cette polyvalence qu'il faut mettre en avant actuellement. Et pour un jeune diplômé il faut être encore plus ouvert, mobile, et accepter de revoir ses prétentions salariales à la baisse

Au niveau des salaires justement quels sont les métiers qui évoluent le plus ?

Dans le domaine du BTP, le salaire moyen des conducteurs de travaux a augmenté de 6% l'an dernier, il continue d'augmenter cette année mais de manière plus modérée (+1,5 % cette année). Les métiers de la maintenance industrielle connaissent aussi des progressions de salaires significatives (+5,9%) car les entreprises préfèrent entretenir leur outil de production plutôt que d'investir sur de nouveaux équipements. Les métiers du process et des méthodes de production tirent aussi leur épingle du jeu. Pour la même raison : les entreprises veulent réduire les coûts et les délais en maîtrisant la méthode de production.

Les entreprises manquent toujours de visibilité et ne lancent pas de grands investissements ?

Oui, pourtant les projets existent mais ne sortent pas tous des tiroirs. Certaines entreprises sont en situation d'attente .Globale, nous constatons tout de même un léger frémissement depuis mai 2009, mais nous ne pouvons dire si c'est un effet cumulé des retards ou si c'est le début de la reprise. De plus, les candidats contactés ont depuis peu plusieurs propositions de postes .La baisse de l'activité industrielle a l'air de s'atténuer et à un rythme plus modéré. Ces signes ont un effet moteur.

En attendant une réelle reprise et afin de maintenir leur niveau d'activité, les entreprises demandent à leurs cadres de travailler plus (+35% cette année) pour compenser les embauches qui ne se font pas. L'heure est pour l'instant à la retenue et à la prudence.

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