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Le CV anonyme ne fait pas de miracle mais c'est mieux que rien

Par Flavien Chantrel | Publié le 15/12/2014 - Mis à jour le 05/02/2015

Selon une expérimentation actuellement menée dans l'Essonne, le CV anonyme permet de faire reculer certaines formes de discriminations mais pas toutes.

Depuis 2006, le CV anonyme est présenté comme un moyen de lutter contre les discriminations, pourtant les décrets d'application n'ont jamais été votés par le gouvernement. Ces derniers prévoient que ce dispositif soit généralisé aux entreprises de plus de 50 salariés pour lutter contre les discriminations à l'embauche. Mais le CV anonyme a fait l'objet de divers études prouvant tout et son contraire.

En 2011, par exemple, le Centre de Recherche en économie et Statistique (CREST) remettait son utilité en cause et estimait même que le CV anonyme pénalisait finalement plus fortement les enfants issus de l'immigration. Une nouvelle expérimentation menée depuis le début de l'année par le conseil général de l'Essonne tend à prouver le contraire. Mais son insuffisance est toujours pointée du doigt.

> Le CV anonyme revient au coeur des débats

Une discrimination au prénom

Avec l'aide de l'Observatoire des discriminations, il a été possible de comparer les données "anonymées" du premier semestre 2014 avec celles "non anonymées" du premier semestre 2012. Résultat : les candidats portant un prénom discriminant (d'origine turcs, maghrébines et d'Afrique subsaharienne) ont 32% de chances supplémentaires d'être convoqués à un entretien et 36% de plus d'être recrutés.

"On constate que le CV anonyme est bénéfique et positif", a ainsi commenté le président PS du conseil général Jérôme Guedj auprès de l'AFP. Son efficacité est cependant à nuancer. Les porteurs de prénoms "discriminables" ont toujours 26% de chances en moins de passer un entretien et 32% d'être embauchés.

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Le diplôme, première source de discrimination

Comment expliquer que les personnes portant un prénom "discriminable" soient toujours pénalisées malgré l'introduction du CV anonyme. Deux explications sont mises en avant par l'étude. La première : les recruteurs de la collectivité privilégient les candidatures internes et les fonctionnaires, deux catégories sous-représentées par les candidats d'origine étrangère.

Deuxième raison le diplôme alors que "les porteurs de prénoms discriminables sont nettement moins diplômés", note l'étude. C'est donc la "question des inégalités dans l'accès aux formations", qui est critiqué par l'auteur de l'étude Jean-François Amadieu, président de l'Observatoire des discriminations. Pour éviter ce biais, il préconise notamment "qu'il y ait, dans le processus de recrutement, des épreuves impersonnelles - tests, mises en situation professionnelle - pour réduire le poids de l'entretien, qui est une étape très subjective".

Le gouvernement sommé d'appliquer la loi

En juillet 2006, le Conseil d'Etat exigeait du gouvernement qu'il applique dans les six mois les décrets d'application de la loi sur le CV anonyme votée en 2006 pour les entreprises de plus de 50 salariés. Le 9 janvier ce délai arrivera à échéance. Mais selon la Maison des potes, une association antiraciste à l'origine du recours au Conseil d'Etat, le CV anonyme pourrait être enterré lors d'une séance le 18 décembre prochain.

Le ministère du Travail souligne de son côté que cette réunion ne sera pas "conclusive" et que le groupe de "travail est encore dans sa phase de réflexion". Une réflexion qui aurait pourtant eu le temps de mûrir en six ans...

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